samedi 30 janvier 2010

His nickname was " Cheval "

Colonel Aviateur Raymond " Cheval " Lallemant.
( 1919 - 2008 )

Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à un très grand pilote belge, le Colonel Aviateur Raymond " Cheval " Lallemant. Il y a deux ans, jour pour jour, " Cheval " nous quittait. Pour tous ceux qui le connaissaient, " Cheval " était une figure emblématique de l'aviation belge. Il avait acquis ses lettres de noblesse au sein de la Royal Air Force, durant la Seconde Guerre mondiale. Aux commandes du Spitfire, mais surtout du Typhoon, " Cheval " se distingua notamment dans la chasse aux Focke Wulf 190 et chars allemands.

L'élève - pilote Raymond " Cheval " Lallemant,
après son arrivée sur le sol britannique
.
( collection bibliothèque de la Section Air & Espace )
 Flying Officer Raymond " Cheval " Lallemant, décoré de la D.F.C.

" Cheval ", félicité par d'autres pilotes belges.

De gauche à droite :

Charles Detal, Charles " Windmill Charlie " Demoulin, 

Louis - Emmanuel " Manu " Geerts,
Rémy " Mony " Van Lierde, " Cheval " et Joseph Renier.


( collection bibliothèque de la Section Air & Espace )

Du sud de l'Angleterre au bocage normand, de " Overlord " à " Market Garden " et jusque sur le territoire allemand, " Cheval " combattit au sein de trois unités : 609 " West Riding " Squadron, 198 Squadron et 349 " Belgian " Squadron. La joie, la peur et la chance furent ses compagnes durant cette période. Pour lui, il n'y avait que l'aviation et ce qu'il avait accompli. Néanmoins, il avait une passion, que je partage avec lui : les chevaux.

Lors de notre deuxième entrevue, le 24 novembre 2009, Robert " Bobby " Laumans me parla de " Cheval " :

... Parce que, heu... le " Cheval " Lallemant... v... vous avez... vous avez rencontré le... il est mort maintenant, hein.

Non, j'ai...


Vous ne l'avez jamais rencontré?

Je n'ai pas eu cette chance. C'est - à - dire que... un samedi matin, mon père lisait le journal. Et puis, je l'entend dire : On l'appelait " Cheval ".

On l'appelait " Cheval "...


Je suis là : Woh! Je vais voir. ( Mon père ) : Eh ben, il en a eu des décorations! Et je vais voir ça. Et je vois : Raymond " Cheval " Lallemant est décédé le 30 janvier 2008.

Oui...


J'étais effondré là! J'étais là : C'est pas vrai!

Eh bien, il était dans ma promotion aussi. Il est... oui... il est... il est... il a fait carrière à la Force Aérienne, évidemment hein. Et, il est devenu colonel. Mais moi, j'ai contin... mais moi, j'ai continué... comme on était de la même promotion, on avait... il était à Odiham aussi! Mais alors, après ça, il est allé à la Six - O - Nine... il... il est resté t... tout le temps à la Six - O - Nine. Et il est devenu... il est devenu commandant de la Six - O - Nine, à... un moment donné.

Oui...


Et... bon, mais après la guerre, on est resté très, très lié. On... on se voyait plusieurs fois par... par an... très régulièrement. Lui, venait chez moi ou moi, j'allais chez lui. Et... il habitait tout près de Mons, quand il est décéd
é. Et la... la dernière année, j... j'ai entendu sa v... parce qu'on... on se voyait d... donc quelques fois, mais on se téléphonait plus souvent encore. Et j'entends... j'ai entendu ça au téléphone, je dis : Nom d'une pipe, ça n'est plus... ça n'est plus Raymond... Je ne sais pas exactement. C'est pas l'Alzheimer qu'il a eu mais... il... il a changé. Après, je l'ai... je l'ai encore vu donc. A... après ses premiers coups de téléphone, je suis allé le voir et... et c'était plus lui, c'était plus le même homme et, il était occupé à s'écrouler...

... C'est à Wevelgem qu'on l'a appelé " Cheval ".

Pourquoi?

Mais parce que s... parce qu'il... parce que lui justement, il est entré, il était déjà militaire. Heu... milicien, comme on disait. Je ne sais pas quel régiment. Pas... pas à la cavalerie... un régiment à l'infanterie, je crois. Et, il avait fait sa demande alors. Parce que là, je dis justement, je crois qu'il était sergent aussi. Et il a fait son passage, sa mutation mais donc, il n'avait pas passé l'examen de l’École Militaire. Et lui a été dégradé, ça c'était comme ça. Les... les... les gens qui avaient déjà un grade de sous - officier dans une autre arme, en passant à l'aviation comme élève, étaient " dégradés "... En général, c'est péjoratif mais, on... perdaient leur grade, disons. Redevenaient soldat et puis après... un mois, je crois, ils étaient quand même caporal. Puis, ils restaient caporal jusque... à la remise des ailes, où ils redevenaient sergent...

Donc, son père était... s'occupait de chevaux. I... il achetait et vendait des chevaux. C'est peut - être heu... vulgaire de dire " marchand de chevaux " mais enfin, c'était son... son métier. Et je crois qu'il... qu'il... qu'il savait ferrer un cheval aussi, enfin... heu... ça, c'était sa profession. Ce qui fait que heu... Raymond... entre nous, entre copains, il... il parlait souvent de... de chevaux, et de son père... Et... heu... entre le temps ou il avait... ou il avait quitté ses études secondaires et... et ait entré à... à l'armée, il s'était aussi, un peu, occupé de... Et alors, c'était... il parlait... journellement, du matin au soir, de chevaux. Alors, il est devenu le " Cheval ", évidemment.

Flight Lieutenant Raymond " Cheval " Lallemant, devant son Typhoon Ib,
avec le cheval errant qu’il avait recueilli et montait à B10 Plumetot
( 198 Squadron, Normandie, juillet 1944 ).

Squadron Leader Raymond " Cheval " Lallemant avec
son Spitfire XVI " Winston Churchill " ( 349 " Belgian " Squadron ).

( collection bibliothèque de la Section Air & Espace )

Comme je l'ai dit, un peu plus haut, j'étais vraiment " dévasté " d'apprendre son décès. Dans une prochaine publication, vous verrez une portrait de " Cheval ", lorsqu'il était Squadron Leader au 609 Squadron.

Je tiens juste à dire ceci :


Cher " Cheval ",


Alors que la Belgique était vaincue, tu n'as pas hésité à braver le danger pour rejoindre les autres " déserteurs " en Grande Bretagne.

L'avenir était incertain, mais comme tous tes frères d'armes, tu as continué la lutte.


Au côté de pilotes tels Jean " Pyker " Offenberg, Victor " Vicky " Ortmans, Rémy " Mony " Van Lierde, Roland " Bee " Beamont ou " Johnny " Baldwin, tu as remporté des victoires qui ont enrichies le prestige des combattants pour la liberté.


Bien que tu devais combattre l'Allemagne et les Forces de l'Axe, tu as dû venir à bout d'autres adversaires, comme les bureaucrates de Eaton Square.

Le Typhoon était ta monture, ton destrier. Le ciel était ton espace vital. A chaque aboiement de tes ennemis, tu répondais par le feu.

Ce feu, qui ira jusqu'à marquer profondément ta chair.


Ta volonté a triomphé de la douleur et de cette implacable maîtresse, la peur. Jusqu'au bout, tu lui a fait face, sans jamais la laisser t'emmener dans la détresse et le désespoir.


Puis, un jour arriva, où il n'y eut plus rien. La paix était revenue.


Nous n'avons jamais pu nous rencontrer. La vie ne l'a pas voulue. Mais, grâce à tes écrits, tu m'as laissé une marque indélébile de ton passage.


Un ancien de la R.A.F., que tu as connu, disait que tu étais un fou, un gentil fou.


C'est à ce gentil fou de l'aviation que je tiens à dire au revoir.



Adieu " Cheval ", et merci.

Colonel Aviateur Raymond " Cheval " Lallemant.



Pour en savoir plus sur Raymond " Cheval " Lallemant, voici les adresses de sites intéressants :

mardi 26 janvier 2010

" It's like a picture! "



Jeudi 14 janvier 2010.

J'étais à la bourre! L'encrage avait pris plus de temps que prévu... sans parler de l'une ou l'autre petite correction!!!! Après avoir fait scanner le portrait, je me suis dépêché pour ne pas arriver trop en retard. 15h30, je sonne deux fois... aucune réponse. Je lui passe un coup de fil. Ouf, il me répond et m'ouvre la porte. Arrivé à son étage, je remarque que la porte est, légèrement, entre - ouverte. J'entre, referme derrière moi et là, " Bobby " sort de sa chambre... toujours aussi souriant!

En m'installant à table, je remarque que deux de ses meubles sont recouverts de cartes de voeux et d'anniversaire ( il a fêté ses 89 ans, le 4 décembre ). Lorsque je lui présente son portrait, il me dit :

Oooh, c'est formidable! Oui... le modèle de casque en cuir. Ah, ça me fait vraiment plaisir!!! Vous êtes vraiment un artiste... un formidable dessinateur!!! Merci beaucoup!

A ces mots, il vient me tapoter l'épaule gauche. Sincèrement, j'étais ravi et soulagé que cela lui plaise. Je m'assois " deux minutes ", et nous discutons de la réalisation du portrait. " Bobby " m'avouera avoir été ravi d'avoir accepté de m'accorder un entretien. Il était déjà entrain de se demander où il pourrait afficher son portrait. Par la suite, il m'annonce qu'il est prêt à m'accorder son aide dans mon travail. Je lui parle, alors, de mon projet de bande dessinée ( succinctement ). Je n'avais pu le faire durant nos trois jours d'entretien!!!!!!!!!

Nous nous mettons d'accord pour que je le recontacte, la semaine prochaine. Comme cela, nous pourrons discuter plus posément de mon projet. Juste avant de partir, " Bobby " me dit, en regardant son portrait :

On dirait une photo. C'est même mieux qu'une photo!

Étant donné qu'il ne l'avait pas entendu, " Bobby " me demande de tester la sonnette au rez - de - chaussée. Sur place, je m'acquitte de ma tâche et quitte les lieux... heureux.

16h15 : le ciel est bleu et je rentre chez moi.


P.S. : la prochaine publication sera la suite de mon entretien du 30 novembre 2009 ( vous en devinez le sujet ).

dimanche 24 janvier 2010

Invictus

Samedi 23 janvier 2010, séance de 16h30, UGC de Brouckère ( Bruxelles ).

J'étais chargé comme un mulet... et il y avait du monde! Après douze minutes d'attente, je peux enfin acheter mon ticket. Pressant le pas, j'entre dans la salle n°8 et m'installe à l'extrême droite du rang central. Pour l'occasion, j'avais revêtu mon superbe maillot des Springboks.


Affiche du film.

J'ai eu un bol de cocu! Le film ne débute que lorsque je suis assis. Tout ce que je peux dire, c'est que c'était géant, excellent!!! Morgan Freeman jouait son rôle à merveille!!! Que ce soit dans l'attitude, le gestuelle, la prononciation et l'accent... on avait vraiment l'impression d'être devant le vrai Nelson Mandela!!! Tout était authentique. J'ignore si c'était pour les besoins du films, mais les Afrikaners massacrent, à souhait, la langue de Shakespeare avec leur sale accent de barbare. C'est exactement comme cela dans la réalité ( oooh oui )!

Nelson Mandela regardant le match entre l'Afrique du Sud et l'Angleterre,
un an avant la Coupe du Monde de Rugby à XV
.

Francois Pienaar ( capitaine des Springboks ) discute avec Nelson Mandela,
à propos de la prochaine Coupe du Monde
.

Les Springboks durant un jogging matinal,
dont ils ignorent le point d'arrêt... sauf Francois Pienaar
.

Francois Pienaar regardant à travers les barreaux de
la cellule de Nelson Mandela, sur l'île de Robben Island.

Durant le film, je fus pris par l'émotion à plusieurs reprises. Entendre tout un peuple hurler dans le stade, cela vous prend aux tripes à chaque instant... surtout lorsque un fait historique, s'étant déroulé dans " votre " pays, est relater de la sorte au cinéma. C'était vraiment intense!

La dernière mêlée menant au drop goal, lors de la finale face à la Nouvelle - Zélande.

Nelson Mandela, célébré par le public, lors de son entrée sur le terrain.

Nelson Mandela serrant la main de Francois Pienaar.

La même scène, avec les vrais protagonistes,
le 24 juin 1995 à l'Ellis Park de Johannesburg
.

A l'époque, je n'avais vu que les dernières minutes du match. J'ai pu assister au drop goal de Joël Stransky ( interprété par Scott Reeves Eastwood, un des trois enfants de Clint Eastwood ). C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à m'intéresser au rugby.


Francois Pienaar brandissant la coupe Webb Ellis.

Matt Damon et Francois Pienaar.

Clint Eastwood, Morgan Freeman et Matt Damon durant le tournage.

Voici le poème de William Ernest Henley ( écrit en 1875 ), qui se trouve être le poème préféré de Nelson Mandela. A l'origine, il n'avait pas de titre. Invictus fût ajouté par Arthur Quiller - Couch en 1900 :


Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbow'd.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate :
I am the captain of my soul.

lundi 4 janvier 2010

A great artist passed away


Fresque de Ric Hochet à Bruxelles.

Chick Bill, Petit Caniche, Dog Bull et Kid Ordinn.


Samedi 3 janvier 2010 à Roquebrune - sur - Argens ( Var, France ).

En plein fou rire devant la télévision, Monsieur Gilbert Gascard alias Tibet est victime d'un malaise. Il ne se réveillera pas. Agé de 78 ans, il était le créateur de Chick Bill et Ric Hochet. Très grand dessinateur et immense caricaturiste, Tibet était un personnage gai, toujours souriant. Au lieu de vous faire un résumé de sa carrière, je vais plutôt vous raconter une petite anecdote à son sujet :

Durant ma dernière année à l'I.A.T.A. ( section Arts Appliqués ), je devais effectuer un stage de deux semaines chez un artiste. Etant donné que je me suis toujours destiné à faire de la B.D., je décidais d'entrer en contact avec un dessinateur. Par téléphone, j'ai discuté avec plusieurs dessinateur, dont le père de Cubitus, Dupa. Ce dernier, très sympathique, m'a expliqué qu'il ne pouvait accepter ma requête ( projet concernant l'anniversaire de Cubitus ). Essuyant des refus de la part des autres, je me suis tourné alors vers Tibet.

Malheureusement, je n'avais aucune possibilité de le contacter directement. Je téléphone aux Editions du Lombard à Bruxelles... plusieurs fois. A chaque fois, on me dit que l'on prendra contact avec Tibet, mais rien n'est venu. Je décide alors d'envoyer un fax. Voici la réponse que j'ai reçu :


Bruxelles, le 9 mars 1998


Monsieur,

Nous avons bien reçu votre fax concernant votre demande de stage chez Tibet.


Pour des raisons de discrétion, nous ne communiquons jamais des coordonnées de nos auteurs. Mais nous ferons bien volontiers suivre le courrier que vous nous enverrez à l'attention de Tibet, par courrier postal ou par fax ( 526.68.34 ).


Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que Tibet est un auteur déjà très sollicité ( son travail sur ses séries : Ric Hochet et Chick Bill; les festivals de BD; les programmes de dédicaces; les interviews, etc. ). Il n'est pas du tout certain qu'il ait le temps ( dans les délais - très courts! - que vous mentionnez dans votre fax ) de vous rencontrez ou de s'occuper de vous au cours d'un stage.


Nous vous remercions toutefois de votre lettre et de l'intérêt que vous portez au monde de la BD et vous souhaitons encore de nombreux moments de détente et de plaisir avec ses héros.


Avec nos meilleures salutations,



Dominique Gervasoni

Assistante Editoriale



Au final, cela me cassait - littéralement - les couilles de téléphoner. J'ai pris ma farde avec tous mes dessins de l'époque, et je me suis rendu aux Editions du Lombard. Entrant dans l'immeuble, les deux demoiselles de la réception m'indiquent à quel étage je dois me rendre. J'arrive dans le bureau de Dominique Gervanosi... TRES surprise ( je veux, oui )!!! Elle me les brise en insistant sur le fait de téléphoner avant d'arriver. Je me dis : " A quoi cela aurait servi, connasse!!! " Je lui montre mes dessins. Elle les regarde avec attention, et me lâche qu'il vaudrait mieux que je vienne avec des planches de B.D.!!!!!!!!!!!! Je n'en avais pas et je lui explique que c'est pour cela que je suis venu : pour savoir comment créer une bande dessinée!!!!!!!!

Elle me répète, encore, la même excuse à la con. Finalement, elle prend mes dessins et quitte son bureau pour aller les montrer à un collègue. Après un court moment, elle revient et me remet mes dessins. Et elle me ressort le fait qu'il aurait mieux valu que j'amène des planches, blablabla... et que la prochaine fois, je passe un coup de fil!!!!!!!!!

Je suis rentré chez moi, fatigué ( le trajet en train n'arrangeant rien ).

En définitif, je suis allé faire un stage au Musée Africain de Namur, en restauration.

dimanche 3 janvier 2010

The examination at Dulag Luft

Lundi 30 novembre 2009.

Je dois, à nouveau, me dépêcher pour arriver à l'heure. 13h59, comme la dernière fois!!!! " Bobby ", comme à son habitude, m'attend déjà avec son éternel large sourire. Lors de notre dernière entrevue, je lui avais promis de venir avec des documents concernant les pilotes de la Jagdgeschwader 26 ayant abattus trois Spitfires du 350 " Belgian " Squadron ( 1 juin 1942 ). Ayant consulté le site " Ciel de gloire ", je suis tombé sur les noms de trois pilotes :
  • Josef " Pips " Priller ( 101 victoires )*
  • Johann Aistleitner ( 14 victoires )*
  • Karl Borris ( 43 victoires )*
" Bobby " fût très heureux de recevoir ces documents. Nous étions entrain de vérifier les données concernant la victoire obtenue par Josef Priller, le 1 juin 1942 ( jour où " Bobby " a été abattu ). Voici un passage de l'entretien concernant cette partie :

... C'était sa 73ème victoire.

Y a pas de déshonneur alors...

Non.

... moi qui en ai une.

Ensuite, nous passons en revue les données concernant les deux autres pilotes. Mais, nous revenons, automatiquement, sur le palmarès de Priller :

Et comme vous voyez, heu... quatre - vingt - quatre Britanniques, dix - sept Américains et c'est celui qui a abattu le plus de Spitfires de tous les pilotes allemands...

Oui...

... il en a abattu soixante - huit.

... C'est... moi, moi je... je ne sais pas, moi. J'ai tendance à douter. Com... comment est - ce que les Alliés, où il y avait quand même... les Allemands n'étaient pas d... tellement su... super pilotes par rapport aux Alliés. Quand on pense aux Anglais, aux Français, aux Belges, aux Américains... Ils devaient, quand même, avoir d'aussi bons pilotes de chasse que parmi les Allemands!...

Comparant les meilleurs scores ( du côté de la R.A.F. ) de l'Anglais J.E. " Johnnie " Johnson* et du Sud - Africain Marmaduke T.St.J. Pattle*, nous reparlons de certains évènements pour lesquels " Bobby " avait pu retrouver des dates.

Enfin, nous attaquons le vif du sujet et " Bobby " commence à me narrer l'épisode de son interrogatoire. Arrivé à Francfort en train, il est conduit au Dulag Luft ( Durchgangslager der Luftwaffe : Camp de transit - Armée de l'Air ). Il y avait un camp entouré de fils de fer barbelé. Ce camp de baraquements était occupé par des prisonniers ( aviateurs ) déjà interrogés, qui attendaient d'être envoyés dans l'un ou l'autre camp. Pour sa part, " Bobby " est conduit dans un bâtiment en pierre. Sa cellule : une toute petite lucarne placée très haut, un cadre en bois avec un très mince matelas, une petite table, deux chaises, un chauffage électrique ( croyait - il ) relié vers l'extérieur et un seau.

Dans le train ( la veille ), il avait reçu un peu de nourriture et à boire. Depuis, plus rien. Après un certain temps, la porte s'ouvre et un Hauptmann ( capitaine ), appartenant à l'Abwehr, entre. Ce dernier, très calme, s'adresse à " Bobby " en anglais. Etant donné qu'il n'est pas imprimé " Belge " sur son front ( et à cause de son Battle Dress de la R.A.F. ), il lui répond en anglais. S'installant à table, l'officier ouvre un registre et tend, à " Bobby ", un document ( en anglais ) frappé du logo de la Croix - Rouge. Connaissant les consignes en cas d'interrogatoire, il ne remplit que ces trois points :
  • Nom
  • Grade
  • Matricule
L'Allemand insiste sur le fait de remplir le reste de la feuille. " Bobby " refuse. Mais l'officier insiste encore et utilise comme prétextes, la Croix - Rouge et la famille de " Bobby ". N'obtenant aucune réponse positive, l'Allemand lui dit qu'il sait que " Bobby " n'est pas Britannique, mais Belge. Il ajoute, également, qu'il appartient au 350 " Belgian " Squadron qui vole sur Spitfire, et qu'il connaît l'indicatif de l'escadrille : Earmark. " Bobby " m'avoua qu'il lui a été difficile de garder un visage sans expression. Bien qu'il parlait anglais couramment, il avait gardé un très léger accent. Néanmoins, " Bobby " fût surpris que l'Allemand puisse affirmer qu'il était Belge. Mais " Bobby " répondait toujours par la négative.

Citant les noms de certains pilotes de l'escadrille ( renseignements exacts! ), l'officier reçoit toujours des réponses négatives. Il répète les même questions durant une heure ou deux, en restant toujours très calme. Finalement, n'obtenant aucune réponse, il décide de quitter la cellule. " Bobby " demande si il peut avoir à manger ou à boire. " Pas avant que vous n'ayez répondu à mes questions ", lui répondit l'Allemand. Ce manège se répètera une ou deux fois durant la même journée, avec un résultat identique.

La nuit, " Bobby " se réveille et commence à avoir très chaud. Il se rend compte que le chauffage est un conditionnement d'air. Retirant ses bottes de vol, son uniforme et le reste, il se retrouve en sous - vêtement. Il retourne s'endormir. Subitement, la température chute, et il est obligé de se rhabiller. Cela durera toute la nuit! Le lendemain matin, " Bobby " était, d'après ses dires, une vraie loque humaine. Pratiquement pas de sommeil et rien dans le ventre. La porte s'ouvre, le même Hauptmann entre et, toute la journée, recommence à poser les même questions. Vers la fin de la journée, l'officier dit ( je laisse parler " Bobby " ) :

" Bon... malgré que vous... que vous le niez fermement... vous êtes un bon soldat ", d'ailleurs il dit. " Vous... vous avez de la fermeté. Mais, nous savons très bien que vous êtes le Flying Officer Laumans, heu... appartenant à la 350ème qui se trouve être une escadrille composée de pilotes belges, etc... Mais, vous ne voulez pas le dire. Mais, comme nous en sommes persuadés, nous savons aussi que vous n'avez aucun secret militaire... à nous confier. Et donc, ça ne sert plus à rien que vous... que je continue l'interrogatoire. Et vous allez partir... heu... ce soir encore... heu... pour Stalag Luft III à Sagan, en Silésie. "

" Et là vous allez retrouver votre ami Louis Peeters ( grand ami de " Bobby " à l'escadrille, abattu le 23 mai 1942 )*. " Il dit ça, et la demi - seconde après... ça sort, moi j'étais comme je dis, une loque humaine - là... Pas mangé depuis quarante - huit heures, pas dormi depuis... pendant quarante - huit heures puisque c... cette sacré machine m'empêchait de dormir. Et, malgré mon... ma... ma volonté très ferme de ne rien divulguer, au moment où il dit : " Vous allez revoir Louis Peeters. "... à la demi - seconde où il dit ça, je dis : " He's alive! "

Et en le disant, je me dis : " Ferme ta gueule, mon vieux, tu viens de te trahir! ". Et alors, il ne dit rien, il commence à sourire. Il n'avait... depuis quarante - huit heures, il n'avait jamais sourit. Il commence à tapoter ( des doigts de la main droite ). Il dit : " Mister Laumans, you just betrayed yourself. "
Après avoir confirmé à " Bobby " que, tout ce qu'il avait refusé de dire s'avérait être, en réalité ,exact... l'officier lui annonce que son départ pour Sagan se déroulera dans une heure. Juste après que le Hauptmann soit sorti, un sous - officier et deux sentinelles de la Luftwaffe entrent aussitôt dans la cellule. Ces derniers le conduisent vers un gros camion militaire, dans lequel se trouvent des prisonniers appartenant à la R.A.F., qui venait du camp de baraquements. Conduits à la gare, les prisonniers sont installés dans des wagons de voyageurs. Les fenêtres étaient bloquées, et chaque compartiment était rempli de sentinelles. Le voyage a, sûrement, duré deux jours. Et c'est dans le train, que " Bobby " a reçu à manger.


Ici s'achève le chapitre consacré à l'interrogatoire. La prochaine publication sera, uniquement, consacrée au Stalag Luft III et à la " Grande Evasion ".

* www.cieldegloire.com/001_priller_j.php
* www.cieldegloire.com/001_aistleitner_j.php
* www.cieldegloire.com/001_borris_k.php
* www.cieldegloire.com/002_raf_johnson_j_e.php
* www.cieldegloire.com/017_pattle_m_t_st_j.php
* www.cieldegloire.com/006_peeters_l.php